Nous avons sans doute pu remarquer que le cessationisme des premiers Réformateurs fut en partie dû à une réaction aux superstitions de l'Eglise Catholique. Mais dans leur réaction ils ont promu une ligne de pensée qui progressivement va déboucher à des formes de cessationisme plus radicales et extrémistes au sein de la tradition réformée.

Heureusement des voix minoritaires depuis le 17-ème siècle au sein du puritanisme jusqu'aujourd'hui au sein du Nouveau Calvinisme ont essayé de changer  la trajectoire.

Dans chacun de nos articles, nous nous sommes efforcés de donner une rapide esquisse de la pneumatologie des Réformateurs et des puritains mais avec une emphase particulière sur les dons spirituels.

Notre dernier article se contentera de souligner  la diversité qui existe au sein de chaque camp afin d'aider nos lecteurs à clarifier leurs positions.

Définition générale

Un cessationniste est quelqu'un qui croit que certains dons spirituels, généralement ceux de nature plus ouvertement surnaturelle, ont cessé d'être donnés par Dieu à l'Église à la fin du premier siècle après JC (ou plus progressivement au cours des siècles suivants).

Un continuationiste en revanche, est une personne qui croit que tous les dons de l'Esprit continuent d'être donnés par Dieu et sont donc opérationnels dans l'Église aujourd'hui et doivent être demandés dans la prière et recherchés.

Quatre sortes de Cessationistes

1. Les cessationnistes concentriques croient que les dons miraculeux ont effectivement cessé dans l’Église dominante et les zones évangelisées, mais apparaissent dans les zones non atteintes comme une aide à la propagation de l’Évangile (Luther et Calvin)

2. Les cessationnistes classiques affirment que les « dons de signes » tels que la prophétie, la guérison et le parler en langues ont cessé avec les apôtres et l'achèvement du canon des Écritures. Ils n’ont servi que de rampe de lancement pour la diffusion de l’Évangile ; comme affirmations de la révélation de Dieu.

Cependant, ces cessationnistes croient que Dieu fait encore occasionnellement des miracles aujourd'hui, comme des guérisons ou direction divine, tant que ces « miracles » n'accréditent pas une nouvelle doctrine ou n'ajoutent pas au canon du Nouveau Testament. Ils ne croient pas que Dieu donne encore ces dons à des individus bien qu’Il puisse agir de temps en temps dans Sa souveraineté.

Richard Gaffin, John F. MacArthur et Daniel B. Wallace sont peut-être les cessationnistes classiques les plus connus.

3. Les cessationnistes à part entière affirment que, s’il n’y a pas de dons miraculeux, il n’y a pas non plus de miracles accomplis par Dieu aujourd’hui. Cet argument, bien sûr, dépend de la compréhension que l’on a du terme « miracle ». BB Warfield, J. Gresham Machen, F.N. Lee.

4. Les cessationnistes cohérents croient que non seulement les dons miraculeux étaient uniquement destinés à l'établissement de l'Église du premier siècle, mais que les soi-disant cinq ministères se trouvant dans Eph. 4 étaient aussi transitoires (c'est-à-dire qu'il n'y a plus d'apôtres ou de prophètes, mais aussi plus de pasteurs, d'enseignants ou d'évangélistes)

Trois sortes des Continuationistes

1. Les pentecôtistes croient en général que le baptême du Saint-Esprit est généralement toujours accompagné du parler en langues. Examples des théologiens pentecôtistes: Stanley Horton, Steven Land, Simon Chan, Craig Keener , Gordon Fee. Le courant pentecôtiste est souvent appelé la première vague.

2. Les charismatiques sont parfois appelés néo-pentecôtistes. Ils constituent la deuxième vague et croient que le baptême du Saint-Esprit ne s'accompagne pas nécessairement du parler en langues. Exemples: Dennis Bennett, Michael Harper , Michael Green , David Watson, Arthur Wallis

3. La troisième vague rassemble les charismatiques qui croient que le baptême de l'Esprit a lieu pendant la période de conversion et ne font pas référence à une deuxième expérience de réception de l'Esprit comme les deux premières. Exemples: John Wimber et les théologiens du Vineyard Movement , Wayne Grudem, John Piper , Jack Deere, John Piper , Sam Storms

Note historique

1. La première « vague » s'est produite au début du XXe siècle avec la montée du mouvement pentecôtiste, à commencer par le Réveil d’Azusa Street.

2. La deuxième « vague » s'est produite dans les années 1960, lorsque le mouvement charismatique s'est répandu dans certaines dénominations protestantes, ainsi que dans l'Église catholique romaine.

3. La troisième « vague » s'est produite au milieu des années 1980 et est identifiée comme une résurgence de l'implantation d'églises et un nouvel engagement envers les signes et les prodiges dans l'évangélisation

Et les Charismania?

Avec la globalisation du mouvement pentecôtiste charismatique, tant d’aberrations ont été commises au nom du Saint Esprit. Le souci est que toutes sortes de déviations furent associées au mouvement ce qui l’a discrédité aux yeux d’un chrétien moyen. Aujourd'hui encore, un chrétien d’une respectabilité intellectuelle a du mal à afficher ses convictions charismatiques de peut d’être identifié aux tares attachées à cette appellation.

Voilà ce qui a poussé des hommes comme Chuck Smith, fondateur de Calvary Chapel à écrire un livre comme “ charisma versus charismania. Ces manifestations de charismanie prennent de nombreuses formes et attirent toujours l'attention sur la personne plutôt que sur Jésus-Christ. Son livre souligne les nombreux abus dans l'opération des dons de l'Esprit qui se produisent dans l'Église aujourd'hui, dont une grande partie est présentée comme un véritable mouvement de l'Esprit mais n'est rien de plus que la chair se magnifiant.

C’est par ses mots qui clarifient la nuance que je clôture cet article et cette série.

Charisma est une belle onction naturelle de l'Esprit de Dieu sur la vie d'une personne, lui permettant d'accomplir l'œuvre de Dieu. La charismanie est un effort charnel pour imiter le charisma. Il s’agit de tout effort humain visant à accomplir l’œuvre de l’Esprit avec l’énergie ou la capacité de la chair.