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Des puritains charismatiques?

La doctrine du sceau de l’Esprit chez les Puritains “sealers”

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Une des belles choses chez les puritains fut leur pneumatologie christocentrique.

Le Saint Esprit chez les Réformateurs et les Puritains

L’occasion nous est encore offerte de revenir sur l’histoire de la Réforme. Un bon nombre de doctrines fondamentales telles que la justification par la foi, la gratuité du salut, l’infaillibilité de la Bible, la prêtrise de tous les croyants sont évoquées lorsque nous abordons cette période de l’Histoire de l’Eglise. Nous sommes si reconnaissants pour toutes ces doctrines cardinales restaurées grâce aux réformateurs. Dans cette série, nous nous intéresserons de près sur la doctrine du Saint Esprit, telle qu’elle était perçue par les premiers réformateurs et la période subséquente des Puritains.

29 Octobre 2023

Un professeur de grande renommée, J.I Packer, croyait que l’Age d’or de l’Histoire du christianisme était la période des Puritains. Ce n’est pas tout le monde qui serait d’accord avec lui mais nul ne peut nier la précieuse contribution de ces « géants » calvinistes anglais du 16 -ème et 17 -ème siècle dans le développement d’un christianisme biblique, expérientiel et pratique.

Pendant longtemps le mot puritain a été associé au légalisme, hypocrisie religieuse, justice de soi. Mais un regain d’intérêt récent a révélé le contraire. Une des belles choses chez les puritains fut leur pneumatologie christocentrique.

Cet article démontrera qu’à leur apogée, leur théologie du Saint Esprit ne contredit pas l’éternelle aspiration des saints de tous les temps : connaitre Dieu expérimentalement en Christ par la puissance du Saint Esprit.

Qui étaient les Puritains ?[1]

Le puritanisme était fondamentalement un mouvement spirituel, passionnément préoccupé par Dieu et la sainteté. Cela a commencé en Angleterre avec William Tyndale, le traducteur de la Bible, contemporain de Luther, une génération avant que le mot « puritain » ne soit inventé, et cela a continué jusqu'à la fin du XVIIe siècle, quelques décennies après que « puritain » soit tombé en désuétude… Le puritanisme était essentiellement un mouvement de réforme de l'Église, de renouveau pastoral, d'évangélisation et de renouveau spirituel.

Le rêve des puritains était élevé et leur histoire a connu des hauts et des bas. Parfois ils étaient proches du but, et d’autres fois ils s’en éloignaient. L'objectif puritain était d'achever ce que la Réforme anglaise avait commencé : remodeler le culte anglican, introduire une discipline ecclésiastique efficace dans les paroisses anglicanes, établir la droiture dans les domaines politique, domestique et socio-économique, et convertir tous les Anglais en évangéliques vigoureux dans la foi.

Grâce à la prédication et à l’enseignement de l’Évangile et à la sanctification de tous les arts, sciences et compétences, l’Angleterre allait devenir une terre de saints, un modèle de piété collective et, en tant que tel, un moyen de bénédiction pour le monde.

Même si leur idéal ne fut pas totalement atteint, en essayant, Dieu les a transformés en géants qu’ils sont aujourd’hui. Dans leurs efforts de vouloir réformer l’Eglise d’Angleterre, le puritanisme nous a donné des grands hommes comme Perkins, Richard Baxter, John Owen, Richard Sibbes, John Flavel, Thomas Brooks, Thomas Manton, Thomas Watson, Robert Traill, William Bridge, Thomas Goodwin, Stephen Charnock, Jeremiah Burroughs, John Bunyan, William Gurnall et autres.

Les cousins éloignés des charismatiques

Si j’étais vécu à l’époque des puritains, j’aurais sans doute été fan d’un groupe particulier des puritains. Cinq siècles plus tard, ces auteurs sont encore mes compagnons à travers leurs livres. On les appelle des sealers, du verbe sceller, à cause de leur compréhension de la doctrine du sceau de l’Esprit.

Dans cet article je me limiterai à vous exposer aux trois sealers les plus importants : Richard Sibbes, Thomas Goodwin, et Thomas Brooks et leur vision commune de la doctrine du sceau de l’Esprit.

Les puritains qui étaient des sealers peuvent être appelés à juste titre des puritains charismatiques.  Leur conception du sceau de l’Esprit ressemblait au concept du baptême de l’Esprit pentecôtiste, à part l’emphase du parler en langues. Ils ont eu l’audace de diverger avec des grands cerveaux de leur temps comme John Owen.

Plus tard, leurs disciples modernes comme Martyn Lloyd Jones ou John Piper ont eu le même courage d’irriter les reformés de leur temps, et furent accusé d’être trop proches des pentecôtistes dans leur compréhension du baptême de l’Esprit.

Qui etait Richard Sibbes : 1577-1635

Il était un prédicateur oint, qui prêchait de très puissants sermons qui ont apporté le réveil à Cambridge. Grace à lui des hommes comme John Cotton and Hugh furent convertis pour devenir des grands instruments dans le royaume de Dieu. Grace à lui, le grand Thomas Goodwin sera détourné de son arminianisme. Lui-même était né de nouveau en 1603, une année après avoir obtenu son masters en théologie sous la prédication de Paul Baynes,. Cinq ans plus tard, Sibbes entra dans le ministère de la prédication jusqu’à sa mort en  1635.

Richard Sibbes se distinguait des autres puritains qu’on l’appelait le docteur celeste ou affectueusement surnommé le « Sweet Dropper ». Sibbes ne s'est jamais marié, mais il a établi un étonnant réseau d'amitiés qui comprenait des ministres pieux, des avocats réputés et des dirigeants parlementaires. Il aimait dire « Les amis pieux font des sermons ambulants ».

Sibbes, ainsi que d'éminents contemporains puritains: Thomas Goodwin (1600-1680) et Thomas Brooks (1608-1680) croyaient que l'assurance de la foi du croyant lui vient de l'Esprit témoignant « immédiatement et intuitivement » de l'amour éternel de Dieu envers lui, de son élection, sa filiation et son héritage.

Richard Sibbes sur le sceau de l’Esprit  [2]

Sibbes, ainsi que d'autres puritains, ont souligné l'importance de l'enseignement de la Bible sur le scellement du Saint-Esprit sur l'âme du croyant (cf. Eph. 1:13 ; 4:30 ; Rom. 4:11 ; 2 Cor. 1:22).

Alors que John Owen est le théologien puritain qui a écrit les travaux systématiques massifs sur la pneumatologie, Sibbes demeure le théologien expérientiel du Saint-Esprit.

Sibbes faisait la distinction entre la fonction de l'Esprit en tant que sceau donné lors de la régénération à un pécheur et l'œuvre de l'Esprit en appliquant ce sceau à la conscience des croyants. L'Esprit de Dieu est saint en lui-même et rend les croyants saints.

Après avoir opéré la sainteté chez les croyants, Sibbes a enseigné qu'il « nous scelle et nous confirme dans cet acte de grâce, jusqu'au jour de notre glorieuse rédemption (cf. Eph. 4 :30). Le « scellement » par l'Esprit était défini comme « non seulement un témoignage pour nous, mais une œuvre sur nous et en nous, portant l'image de Celui qui nous scelle ; par lequel nous sommes non seulement assurés du bien qui nous est promis, mais également aptes à le recevoir.

L'Esprit a un témoignage distinct en élargissant l'âme; qui est la joie dans la compréhension de l’amour paternel de Dieu… parfois immédiatement par la présence ; comme la vue d’un ami réconforte sans l’aide des mots.

Ce sceau supplémentaire, ou croissance dans la grâce et dans la connaissance de l'amour de Dieu, peut se produire au milieu des épreuves et des persécutions, particulièrement lorsque l'âme du croyant est édifiée, encouragée et « douce sensation de joie » au milieu des épreuves et des épreuves difficiles. Il affirmait qu’à mesure que l’on grandit dans sa sanctification, le croyant atteindra la joie et la confiance de l’assurance de sa foi en Christ et de son précieux amour pour lui. Il pourra alors dire : « Il est à moi ; Je suis à lui », avec un cœur plein d'amour.

Avoir la présence de l'Esprit d'une manière particulière serait comme un ami cher qui reste plus proche qu'un frère, faisant descendre l'amour de Dieu le Père dans le sein du croyant, par la grâce du Christ: L'Esprit a un témoignage distinct en élargissant l'âme; qui est la joie dans la compréhension de l’amour paternel de Dieu… parfois immédiatement par la présence ; comme la vue d’un ami réconforte sans l’aide des mots.

John Owen n'était pas d'accord avec Sibbes sur sa compréhension du sceau de l’Esprit. Pour lui, l’assurance peut venir avec le don, mais elle ne doit pas être assimilée à lui. Le sceau n’est pas une opération particulière de l’Esprit, mais le don de l’Esprit lui-même.

Sibbes fait alors une distinction entre deux sortes de sceaux :

  • Le scellement du salut une fois pour toutes est accordé lorsqu’une personne croit pour la première fois en Christ. Sibbes a enseigné que, de même que l’image d’un roi est gravée sur la cire, de même l’Esprit marque l’âme des croyants avec l’image du Christ dès le moment où ils croient. Un tel scellement produit chez chaque croyant un désir permanent d’être pleinement transformé à l’image du Christ. Ce sceau, que possède tout croyant, qu'il en soit conscient ou non, est une marque d'authenticité qui distingue le croyant du monde. Tout comme les marchands marquent leurs marchandises et les bergers marquent leurs moutons, Dieu scelle son peuple pour déclarer qu'il est sa propriété légitime et qu'il a autorité sur lui, a déclaré Sibbes.
  • Le deuxième type de scellement est un processus. C’est le genre d’assurance qui peut augmenter progressivement tout au long de la vie d’un croyant à travers des expériences singulières et par une croissance spirituelle quotidienne. Ce scellement peut être observé dans les fruits de la sanctification, comme la paix de la conscience ; l'esprit d'adoption par lequel nous crions « Abba, Père » ; des prières de supplication fervente ; et la conformité à l'image céleste du Christ. Sibbes a ainsi souligné à la fois le témoignage intuitif de l'Esprit et les fruits sanctifiants de l'Esprit.
  • L'Esprit accorde ce scellement spécial aux saints en période de grande épreuve, a déclaré Sibbes. L’Esprit donne de tels sceaux « tout comme les parents [qui] sourient à leurs enfants quand ils en ont le plus besoin ». Un tel scellement devient « un doux baiser accordé à l’âme ». Pui il évoque les exemples de Paul dans le donjon, Daniel dans la fosse aux lions et ses trois amis dans la fournaise ardente qui ont connu ce genre d’encouragement.

    Le scellement de Dieu par l’Esprit peut conduire à une communion plus grande et plus intime avec Dieu pour le croyant, ainsi qu’à une assurance plus profonde et plus confiante de l’amour de Dieu pour le croyant en Jésus-Christ. Le croyant doit prier pour une augmentation du scellement, car cela aussi est une œuvre gracieuse de l’Esprit, car l’âme dépend de Lui pour toute la croissance spirituelle et les ressources en Jésus-Christ.

    Qui était Thomas Goodwin (1600-1680)

    Il était souvent surnommé l’Ancien. JI Packer l’appelait le meilleur puritain exégète de Paul. Déjà à son époque, on le surnommait la Bible qui marche a cause de sa vaste connaissance de la Bible.

    Sa biographie mériterait tout un livre mais puisque j’ai hâte de vous présenter sa doctrine du sceau de l’Esprit, je vais faire rapide avec sa bio.

    On parle de l’homme aumônier d’Olivier Cromwell jusqu’à sa mort, un homme qui prêchait souvent sur invitation spéciale dans la Chambre des Communes. Contemporain de John Owen, il rédigea avec lui la confession de Westminster amendée en 1658. De 1660 jusqu'à sa mort, il vécut à Londres et se consacre exclusivement à l'étude théologique et à la charge pastorale de l'Église indépendante de Fetter Lane.

    Il a suivi Richard Sibbes dans la doctrine du sceau de l’Esprit sauf qu’on la retrouve plus élaborée chez lui. On raconte souvent que Owen prêchait avec ferveur à l’intellect, Baxter avec force à la conscience, mais que Goodwin prêchait avec tendresse au cœur.

    Thomas Goodwin sur le sceau de l’Esprit [3]

    On a déjà mentionné que John Owen croyait que le sceau est l’Esprit de Christ, présent dans chaque cœur du croyant régénéré.

    Mais Goodwin mettait l’emphase sur le fait que le Saint Esprit scelle mais n’est pas le sceau. Pour les sealers, être scellé est une activité post conversion que l’Esprit exerce. Ce fait d’être scellé par l’Esprit équivalait à l’assurance du salut chez Goodwin.

    Ceci est clair quand il expose sur Ephésiens 1 :13-14. Pour lui, le sceau est cette lumière qui vient fortifier l’âme du croyant pour l’assurer que Dieu lui appartient et qu’il appartient à Dieu. Il aimait dire, que c’est une lumière au-delà de la lumière ordinaire de la foi, l’amour envers les élus, qui est répandu dans le cœur. C’est une forme de nouvelle conversion.  Cette expérience fera de l’homme une personne différente de celle qu’elle était avant, de telle façon que l’expérience ressemble à la conversion expérimentée avant d’être sauvé. Ceci ressemble à un baptême du saint Esprit qui sera développé plus tard par les pentecôtistes

    Dans son exposé d'Éphésiens 1:13, Goodwin procède à la division du texte tel qu'il le comprenait :

    En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l'Evangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis,

    Il dit:

    1. Premièrement il y a l’œuvre distincte du Saint Esprit distincte de la Foi. « Après avoir cru, vous avez été scellés »...
    2. Deuxièmement l’ordre de cette œuvre: c'est "après qu'ils eurent cru"...
    3. Troisièmement, la cause virtuelle si je puis l'appeler ainsi, en qui ce scellement s’opère: c'est en Christ « en qui, après avoir cru, vous avez été scellés ». En qui fait référence au scellement
    4. Quatrièmement, la personne qui scelle; c'est l'Esprit, le Saint-Esprit….
    5. Goodwin aborde aussi pastoralement la doctrine de l’assurance du chrétien. D’abord il nous donne trois causes qui font que certains chrétiens possèdent la bienheureuse assurance et d’autres non.

    6. L'Esprit peut induire un manque d'assurance ou provoquer une période de confusion spirituelle, ou d’obscurité en « retirant sa présence confortable ». Il peut aussi révéler la colère contre un croyant à cause de ses péchés, surtout quand il a déjà provoqué Christ par des péchés présomptueux, et empêché l’Esprit d’avancer « dans le chemin de son cœur. »
    7. Nos propres cœurs pécheurs peuvent nous causer une période d’obscurité spirituelle. En raison du péché non repentil. Nous pouvons commencer à douter si nous sommes effectivement les enfants de Dieu.
    8. Le diable peut aussi nous entraîner dans les ténèbres. Il peut nous faire douter. Il aimait dire "Satan, il a un penchant particulier, et un penchant plus désir malveillant particulier, de vexer et de molester les saints avec ce genre de tentations, de doutes et d’inquiétude quant au fait que Dieu n’est pas leur Dieu... »
    9. Puis Thomas Goodwin propose trois témoins de l’assurance du chrétien en s’appuyant sur 1Jean 5:8

    10. "Sang". La première preuve que nous avons la vie éternelle est que nous croyons en Jésus-Christ pour une justification gratuite. « … ainsi l'effet de son sang ainsi appréhendé, imploré, le lui prouve ; pour encore quand la culpabilité se lève, il appelle à lui opposer le sang du Christ et baigne son âme dans des pensées de foi. À ce sujet, et il trouve ainsi la culpabilité apaisée, apaisée, sa conscience apaisée, apaisée, et apaisée par cela, alors qu’aucun ne devoir ni rien d'autre ne lui procurera de confort. »
    11. "Eau". Nous voyons alors que « celui que le sang du Christ justifie, il le purifie aussi, le sanctifie, et lave la saleté du péché ». Ainsi John 3 : 5, peut dire qu’un homme étant régénéré et « né de l’eau et du Saint-Esprit ».Ceci nous donne une assurance parce que le croyant trouve ainsi que l’union avec Christ le change, le renouvelle, le lave de la puissance du péché, lui donne un nouvel esprit et établit un nouveau principe en lui, pur opposé au péché, de sorte qu'il ne peut pas pécher. Il trouve un nouveau printemps de dispositions gracieuses en lui, bouillonnant encore naturellement, et nettoyant et éliminant les corruptions…
    12. "Esprit". Le troisième témoin est considéré comme englobant « tous les témoignages immédiats du Saint-Esprit… » Le témoignage du « sang » peut être vaincu par des sentiments de culpabilité ; ainsi que ceux de « l’eau » par la puissance du péché.
    13. Il y a donc un troisième témoignage, et c’est celui du Saint-Esprit lui-même, qui est immédiat.  Même s'il soutient et confirme ce que les deux autres ont dit, Il ne les cite pas, ne fonde pas son témoignage sur eux, mais élève le cœur pour voir son adoption et sa filiation, par une découverte immédiate de la pensée de Dieu et de ce que l’amour lui a apporté…Dieu dit à l'âme d'un "Je suis ton salut". Il s'agit de la forme d'assurance la plus élevée. Là, Thomas Goodwin s’excite et dit « Mes frères, c'est la plus belle chose après le ciel. »

      Ainsi, quand le Saint-Esprit vient de cette manière sur le cœur, c’était l’hiver avant, mais ce sera maintenant le printemps.

      Ainsi, la pleine assurance de la foi consiste à connaître, par une impression directe du Saint Esprit que nous sommes les enfants de Dieu et les héritiers du ciel. C'est le don de Dieu à ceux qui possèdent déjà une foi salvatrice en Christ et sont véritablement sanctifiés par l’Esprit. Dans un langage à la fois poétique et pentecôtiste, Thomas Goodwin élève la beauté de cette expérience en ces mots:

      Lorsque le Saint-Esprit est répandu sur vous et que lorsque vous êtes baptisé du Saint-Esprit comme Consolateur. Regardez, comme quand le soleil s'approche de la terre, alors c'est le printemps : c'était l'hiver avant : ainsi, quand le Saint-Esprit vient de cette manière sur le cœur, c’était l’hiver avant, mais ce sera maintenant le printemps.

      Des siècles plus tard, son disciple le plus fidèle Martyn Lloyd Jones souligna l’importance de cette doctrine, revenant sur le même verset d’Ephésiens 1:13 il dit

      « Je suis de plus en plus convaincu que c'est notre incapacité à comprendre cette doctrine précise qui explique tant de léthargie et d'échec parmi nous, en tant que peuple chrétien, à l'heure actuelle. Au moins j'irai jusqu'à affirmer que tout chrétien qui ne connaît pas la joie du salut est dans cet état, en grande partie à cause d'un manque de réalisation de la vérité enseignée dans ce verset particulier de l'Écriture, car il nous met face à face avec la manière dont nous pouvons entrer dans la plénitude que nous supposés expérimenter en Christ.[4]

      Thomas Brooks

      Thomas Brooks était un pasteur et auteur puritain non conformiste. Il fréquenta l'Emmanuel College de Cambridge en 1625, ou la plupart des puritains étudiait. Il quitta avant d’avoir son diplôme mais il fut ordonné ministre en 1640, puis pasteur à St. Thomas l'Apôtre à Londres (1648) et à St Margaret.

      Il passa quelques années en tant qu’aumônier de la flotte parlementaire servant en mer. Il a toujours évoqué avec tant d’émotion comme les meilleures de son ministère. Il fut expulsé en 1662 à la suite de l'Acte d'Uniformité, (qui exigeait que tous les ministres anglicans dirigent les prières, les sacrements et d'autres aspects de l'Église de la même manière). Il perdit alors sa licence d’exercer le ministère et son poste. Il put retrouver sa licence en 1672 avec l'adoption de la Déclaration d'Indulgence, mais la perdit ensuite à nouveau en 1676.

      Malgré les problèmes légaux liés à sa licence de prêcher, il ne s’est jamais découragé et continua à prêcher. Quand il eut la Grande Peste de 1665 et beaucoup d’autres pasteurs s’enfuirent. Mais Thomas Brook resta à Londres pour s'occuper de son troupeau.

      Il se maria deux fois: Martha Burgess en 1676 et après sa mort, il épousa une fille, nettement plus jeune que lui: Patience Cartwright. Il mourut à l'âge de 72 ans en 1680, deux ans après son second mariage et fut enterré à Bunhill Fields à Londres.

      Thomas Brooks sur le sceau du Saint Esprit

      Lui aussi croyait que l’assurance du salut était une expérience subjective du Saint-Esprit, produite souvent après la conversion. Bien que l'Esprit soit un Esprit témoin c'est-à-dire scellant—disait-il—il ne témoigne pas toujours (c'est-à-dire ne scelle pas toujours) aux croyants de leur adoption. Bien que l'Esprit du Seigneur soit un témoignage et un Esprit de scellement, mais il ne témoigne pas et ne scelle pas toujours l'amour et la faveur du Père envers les âmes des croyants.

      Si ce genre de nuance vous gène, écoutez Martyn Lloyd Jones nous citer une des illustrations favoris de Thomas Goodwin :

      Un homme et son petit enfant marchent sur la route et ils marchent main dans la main, et l'enfant sait qu'il est l'enfant de son père, et il sait que son père l'aime, et il s'en réjouit, et il y est heureux. Il n'y a aucune incertitude sur tout cela, mais tout à coup le père, mû par quelque impulsion, saisit l'enfant et le soulève, le caresse dans ses bras, l'embrasse, l'embrasse, lui donne son amour, puis il le met dans ses bras. Il le redescend puis ils continuent à marcher ensemble.
      C'est ça! L'enfant savait avant que son père l’aimait et il savait qu'il était son enfant. Mais ah ! l’étreinte amoureuse, cette effusion supplémentaire d’amour, cette manifestation inhabituelle de celui-ci – c’est le genre de chose. L’Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes les enfants de Dieu. Lorsque Jésus baptise une personne du Saint-Esprit, dit Lloyd-Jones, la personne est « portée non seulement du doute à la foi mais aussi à la certitude, à la conscience de la présence et de la gloire de Dieu ». (5)

      CONCLUSION

      Il est facile d’accuser les pentecôtistes et les charismatiques d’avoir promu “l’étrange” enseignement de la seconde œuvre de grâce, de la seconde bénédiction, et toute la théologie de la crise.

      Mais la vérité est qu’au-delà de la bataille autour de la terminologie, nous avons besoin du Saint-Esprit pour revitaliser l’Église et renouveler notre vie. Des gens comme John Flavel, Jonathan Edwards, and Moody,John Wesley, John Howe and William Guthrie, Pascal, and  Thomas Aquinas, R.A. Torrey and A.J. Gordon and A.T. Pierson ont connu cette œuvre surprenante dans leur vie après un moment d’humble consécration à chercher et demander une visitation spéciale.

      Parfois Il le fera par un processus continu mais d’autres fois ça sera dramatique. Mais ce qui est sûr, nous assisterons à une nouveauté tant dans notre dévotion personelle et que dans notre prestation ministérielle qui connaitra un tout nouveau tournant.

      Je sais que la vision la plus populaire du baptême de l’Esprit dans la tradition reformée est de l’associer avec la régénération selon 1 Cor 12:13.  Lloyd Jones fait partie de ces reformés qui ont su se lever contre ce point de vue populaire chez les reformés.

      « J'affirme que vous pouvez être un croyant, que vous pouvez avoir le Saint-Esprit habitant en vous, sans toutefois être baptisé du Saint-Esprit…Le baptême du Saint-Esprit est quelque chose qui est fait par le Seigneur Jésus-Christ et non par le Saint-Esprit…
      Notre baptême dans le corps de Christ est l’œuvre de l’Esprit [c’est le point de 1 Corinthiens 12:13], tout comme la régénération est son œuvre, mais c’est quelque chose de complètement différent ; c’est le Christ qui nous baptise du Saint-Esprit. Et je suggère que c'est quelque chose qui est donc évidemment distinct du fait de devenir chrétien, d'être régénéré, d'avoir le Saint-Esprit habitant en vous. (Jones, Joy Unspeakable)

      Il ajoute :

      Le baptême du Saint Esprit n’a jamais été quelque chose que l’on expérimenté de façon inconsciente comme la régénération. Ceux quoi l’ont reçu le savaient. Ces gens qui disent que [le baptême du Saint-Esprit] arrive à tout le monde lors de la régénération me semblent non seulement nier le Nouveau Testament, mais aussi éteindre définitivement l'Esprit.(Lloyd Jones, Joy Unspeakable)

      L’assurance dont on a discuté tout haut n’est que le résultat de ce baptême de l’Esprit. Ce n’est pas étonnant de voir la majorité des croyants réformés vivre de façon médiocre presque sans assurance du salut à cause de leur compréhension déficitaire du baptême de l’Esprit.

      Lorsque les chrétiens sont baptisés du Saint-Esprit, ils ont un sentiment de la puissance et de la présence de Dieu qu’ils n’ont jamais connu auparavant – et c’est la plus grande forme d’assurance possible. Disait Martyn Lloyd Jones
      Le baptême de l’Esprit est une nouvelle manifestation de Dieu à l’âme. Vous disposez d’une connaissance écrasante de l’amour de Dieu pour vous en notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ...C’est la caractéristique la plus grande et la plus essentielle du baptême de l’Esprit…C’est expérientiel. C'est indéniable. Il y a une immédiateté qui dépasse l’expérience ordinaire. Cela remplit d’une joie immense. Cela transforme les avocats du Christ en témoins de ce qu’ils ont vu et entendu.(Lloyd Jones, Joy Unspeakable)

      Sans accepter d’être distraits par des théologies intimidantes, puissions-nous faire cette simple prière de Dwight Moody: O Dieu, prépare mon cœur et baptise-moi avec la puissance du Saint Esprit.

      Le dernier conseil du docteur Jones est :

      Vous ne pouvez rien faire pour être baptisé de l’Esprit, sauf le demander. Vous ne pouvez rien faire pour le produire. Néanmoins, vous devez travailler dans la prière pour y parvenir. Nous devons être patients et ne pas fixer de limites de temps au Seigneur.
      Lloyd Jones, Joy Unspeakable.

      ****

      [1] L’introduction aux puritains dans cet article est une paraphrase et libre traduction de JI Packer dans A Quest for godliness: the puritan vision for christian life

      [2] Dr. Joel R. Beeke President et Professeur de Systematic Theology and Homiletics,  Puritain Reformed Theological Seminary, est un des meilleurs experts des puritains. Cette courte introduction a la théologie de Richard Sibbes est bien résumée et je m’en suis servi pour cette section

      [3] J’ai bénéficié de cet essai sur la théologie de Thomas Goodwin.

      [4) D.M. Lloyd-Jones, God's Utimate Purpose, Edinburgh, Banner of Truth, p. 244.

      (5) Martin Lloyd Jones, Joy Unspeakable, p95-96

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      NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la
      musique,le Basketball et un bon sommeil.

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