Trop de questions auxquelles je ne pourrais pas moi-même répondre à la place de David. Néanmoins, tout ce que je peux faire c’est de montrer que ces questions et inquiétudes sont légitimes et fondées.  Au nom de l’amitié qui me lie avec David, je lui ai soumis ce document avant sa publication afin qu’il réévalue sa décision et sache pourquoi cela pourrait perturber des âmes sincères qui, en plus d’être des mélomanes, sont aussi des disciples de Christ, soucieux de voir le triomphe de l’Evangile au-dessus des hérésies.

Pourquoi une telle agitation ?

Certains pensent que seul un esprit secteur, arrogant et porteur de jugement anime quelques personnes qui s’arrogent le droit de mettre en cause d’autres églises et leurs croyances. J’aimerais vous dire que nous ne sommes pas les seuls à tirer la sonnette d’alarme contre ces faux enseignements de l’Evangile de prospérité, confession positive, parole de foi et théologie des dieux.

1. La Lausanne covenant, initiée par Billy Graham et John Stott est probablement la plus grande organisation évangélique qui rassemble des serviteurs de Dieu du monde entier. Elle organise des conventions periodiques afin d’évaluer ensemble les progrès de l’Evangile dans le monde, réaffirmer l’Evangile et dénoncer les hérésies qui en menacent l’intégrité. Voyons comment elle se prononce contre ces enseignements , dans un de leurs documents bien connus , Engagement du Cap que vous pouvez lire en intégralité ici

La prédication et l’enseignement, répandus dans le monde entier, de ce que d’aucuns appellent « l’évangile de la prospérité » soulèvent de grandes préoccupations. Nous définissons l’évangile de la prospérité comme l’enseignement qui veut que les croyants aient droit aux bénédictions que sont la santé et la richesse, et qu’ils peuvent obtenir ces bénédictions grâce à une confession de foi positive et à la « loi de la semence » en argent et en biens matériels. L’enseignement de la prospérité est un phénomène qui transcende de nombreuses dénominations sur tous les continents

Nous affirmons la grâce et la puissance miraculeuses de Dieu et nous saluons la croissance des Églises et des services chrétiens qui conduit à exercer une foi pleine d’attente dans le Dieu vivant et sa puissance surnaturelle. Nous croyons dans la puissance de l’Esprit Saint. Pourtant, nous nions que la puissance miraculeuse de Dieu puisse être considérée comme automatique, ou comme étant à la disposition de techniques humaines, ou qu’il soit possible de la manipuler par les paroles, les actions, les dons, les objets et les rituels humains.

Nous affirmons qu’il existe une vision biblique de la prospérité humaine et que la Bible inclut les biens matériels (tant la santé que la richesse) dans son enseignement concernant la bénédiction de Dieu. Cependant, nous réfutons, parce qu’il n’est pas biblique, l’enseignement qui veut que le bien-être spirituel puisse se mesurer en termes de bien-être matériel, ou que la richesse soit toujours un signe de la bénédiction de Dieu.

La Bible montre que la richesse peut être acquise pas l’oppression, la tromperie ou la corruption. Étant donné que la Bible rejette de telles explications simplistes, nous réfutons également que la pauvreté, la maladie ou une mort prématurée soient toujours un signe de la malédiction de Dieu, ou la preuve d’un manque de foi, ou encore le résultat de malédictions humaines.

Nous acceptons qu’il soit bon d’exalter la puissance et la victoire de Dieu. Mais, nous croyons que les enseignements de nombre de ceux qui font vigoureusement la promotion de l’évangile de la prospérité déforment gravement la Bible ; que leurs pratiques et leur style de vie sont souvent contestables et peu semblables à ceux du Christ ; qu’ils remplacent habituellement une évangélisation authentique par une recherche de miracles, et l’appel à la repentance par l’appel à donner de l’argent à l’organisation du prédicateur.

Nous déplorons que cet enseignement ait sur beaucoup d’Églises des conséquences dommageables sur un plan pastoral, et malsaines d’un point de vue spirituel. C’est avec joie et force que nous soutenons toute initiative qui, au nom du Christ, cherche à apporter la guérison aux malades, ou à délier durablement les liens de la pauvreté et de la souffrance. L’évangile de la prospérité ne propose pas de solution durable à la pauvreté et peut détourner du message et des moyens véritables du salut éternel. C’est pour cela qu’il peut être qualifié sobrement de faux évangile. Nous rejetons donc les excès de l’enseignement de la prospérité comme incompatibles avec un christianisme biblique équilibré.

2. En Europe encore, on pourrait mentionner également, bien que brièvement, les églises évangéliques de la France rassemblées dans la coalition connue sous le nom de CAEF (Communauté des Assemblées Evangéliques de France) qui aussi rejettent ces enseignements en termes suivants:

Le Mouvement de Foi, par son succès, son enseignement séduisant et ses promesses alléchantes, crée l’intérêt et attire de nombreuses personnes qui cherchent une issue à leurs problèmes personnels. Ce qui est regrettable est que la plupart des adeptes fervents de l’évangile de la prospérité ne connaissent aucune autre forme de foi évangélique et ne se doutent pas de ses origines hérétiques.

L’évangile de la prospérité doit son succès foudroyant à l’efficacité de sa diffusion, mais aussi à d’autres facteurs : le goût de la nouveauté, la soif du miraculeux, le refus de la souffrance, le culte de la personnalité et la primauté de l’expérience sur l’enseignement de la Parole de Dieu, entre autres. Enfin et surtout, son message chatouille les oreilles de l’homme moderne, ravi de se voir promettre ce qu’il recherche déjà comme valeurs suprêmes : la santé et la prospérité.

Je vous exhorte vivement de lire l’intégralité du document ici

Au lieu d’attribuer notre réaction à un comportement isolé, extrême et étranger comme si on est juste quelques individus excentriques qui se croient plus intelligents et bibliques que les autres, je vous interpelle à comprendre que dans le monde entier, de chrétiens bibliques donnent des cris d’alarme avertissant contre ce fléau qui semble vouloir engloutir les progrès de l’Evangile tout en prétendant en être la pure expression.

La genèse et le développement historique de ce mouvement au Burundi

Un certain E.W. Kenyon (1867-1948) est le cerveau derrière le faux Evangile de la prospérité et de la confession positive. Il élabora une philosophie syncrétiste dans les années 1920 qui a abouti à un mélange des rudiments du Nouvel Age satanique avec le christianisme. Ses livres séduisirent certains pentecôtistes et charismatiques comme William Branham, T.L. Osborn, Kenneth Haggin et bien d’autres.

Mais, parmi tous les disciples de Kenyon, nul ne fut son prophète et son disciple aussi zélé que Keneth Haggin. Alors qu’il prétendait avoir reçu surnaturellement son message pendant des visions, aujourd’hui il s’est avéré qu’il plagierait les écrits de Kenyon. Son ministère d’écrivain a propagé plus que tout autre les idées de Kenyon jusqu’au Burundi où ses livres furent popularisés par l’Eglise El Shaddai. Aujourd’hui, Kenneth Haggin est considéré dans le monde entier comme le Père de ce regrettable mouvement.

Le choix fatal de David Ndaruhutse

David NDARUHUTSE est le fondateur du Ministère du Réveil en Afrique et surtout de l’Eglise Vivante. Ses intentions étaient bonnes ; il était choqué par la froideur des églises missionnaires traditionnelles et la décadence des églises Évangéliques et voulut y apporter un remède. Il deviendra le pionnier du mouvement charismatique du Burundi. Il avait de bonnes relations avec de bonnes personnes comme Bob Gordon. Ce dernier était un diplômé de Manchester University, professeur de l’Ancien Testament (London Bible College) et fondateur du Ministère Proclaimers International. Il était un homme à la fois solide bibliquement et dynamique spirituellement, ouvert aux choses de l’Esprit.

David comprenait que pour consolider le mouvement charismatique au Burundi, il aura besoin d’une aide extérieure. Il fit appel à des leaders crédibles comme Bob Gordon pour donner un coaching aux burundais dans l’objectif de solidifier un mouvement de réveil en gestation.

Mais, la trajectoire bascula quand il fit appel à un couple français des Derrains, qui avait reçu une formation aux Etats-Unis dans une école biblique de Kenneth Haggin. Le reste n’est qu’Histoire. Inutile d’ajouter que ce fut un mauvais choix théologique et stratégique qui nous a couté si cher jusqu’à aujourd’hui.

Les Derrains commencèrent à leur tour une école biblique qui perpétuait l’héritage de Kenneth Haggin, et puis les ressortissants de cette école allèrent dehors pour commencer des ministères et des Eglises qui répandirent ces faux enseignements. C’est ainsi que GGC était née et d’autres églises semblables. Aux enseignements reçus de l’Institut d’Olivier Derrain, ils y ajoutèrent tout ce qu’ils purent glaner dans les médias en provenance des télévangélistes américains, exorcistes et faiseurs de miracles de l’Afrique de l’Ouest comme Chris Oyakhilome et T.B. Joshua, mais aussi ceux de l’Afrique Australe comme Uebert Angel ou Shepherd Bushiri, et le résultat est aujourd’hui un cocktail aussi déplaisant qu’alarmant.

Trop jeune pour mourir…

Ce mouvement de la Parole de Foi est ouvertement hérétique. Il contient un mélange des concepts du mouvement satanique du Nouvel Âge et des distorsions bibliques.

Ce mouvement de la Prospérité et de la Parole de Foi est ouvertement anti-chrétien, car il exalte l’Homme à la place de CHRIST. Il est radicalement non biblique; ses enseignements résultent d’une interprétation erronée et hors contexte de la Bible. Un bref parallélisme peint le contraste évident entre les enseignements de ces mouvements et ceux enracinés dans la vraie foi biblique, apostolique:

L’Église du Burundi est seulement jeune de moins d’un siècle. Les premiers missionnaires n’étaient pas très éduqués théologiquement et ne manquaient pas de lacunes. Mais ils avaient fait de tout leur mieux pour présenter l’Evangile qui, rapidement, fut obscurci par les traditions humaines et le syncrétisme local. Avant que le faux mouvement ne vienne sur le devant de la scène, l’Église était déjà affaiblie par une histoire du formalisme, le légalisme, les crises de leadership et les conflits ethniques. On a, certes, connu quelques moments de Réveil disparates, mais l’Évangile ne s’est jamais solidifié sur ce sol et aucun mouvement spirituel n’a vraiment duré.

Levons-nous, alors, pour hisser l’étendard de la vérité. Sur nos genoux, supplions Dieu pour une visitation surnaturelle fraiche. Nous sommes trop jeunes pour mourir !!! Que Dieu nous rassasie des moments de rafraîchissement spirituel et une réforme radicale par la Parole de Dieu.

Tentative de comprendre David NDUWIMANA

Terminons là où on avait commencé : la participation de David dans la conférence de GGC. Je ne pense pas personnellement qu’il s’agisse nécessairement d’une mauvaise décision de sa part. Pour qu’elle soit mauvaise, cela dépendra d’autres facteurs. Voici différentes options possibles pour caser sa décision :

Difficile d’affirmer quoi que ce soit en définitive pour le moment. Au-delà de la controverse sur David et la conférence de GGC, nous espérons que par ce billet, nous avons réussi à attirer l’attention de plusieurs sur un plus grand danger: celui de la survie d’un christianisme biblique au Burundi.

Ressources recommandées

(1)Tous les prédicateurs de la prospérité sont-ils des charlatans et/ou de faux enseignants?

(2)Six keys to detecting the Prosperity Gospel

(3)Livre: La Théologie de la prospérité

(4)Neuf choses que vous devez savoir sur le mouvement Parole de Foi

(5)L’évangile de la prospérité

(6)Trop jeune pour mourir

(7)10 jours du Challenge Evangelique