“Qui est semblable à Toi, Lion et Agneau, assis sur le trône!”

Ce sont des mots d’ouverture de la chanson que Selah Hymnody vient de mettre en ligne, une traduction dont la version originale est “Praise Adonai” de Paul Baloche. J’aimerais passer quelques instants à vous diriger dans une méditation sur ce titre oxymorique qui a le potentiel de propulser notre adoration, s’il est bien appréhendé.

Le portrait déroutant de Jésus dans l’Ancien Testament

Les juifs furent dans une attente d’un Libérateur pendant plusieurs siècles. Les plus pieux s’étaient isolés dans le désert de la Juda pour s’y préparer dans une séparation totale. Les plus intellectuels avaient étudié tous les textes relatifs à ce Sauveur dont le portrait restait quelque peu insaisissable même pour les plus initiés des scribes…viendra-t-il en lion ou en agneau? Se demandaient-ils !

Un des textes sacrés les plus anciens et les plus connus parlaient du patriarche Jacob qui a réuni ses nombreux fils et a prophétisé sur leur avenir (Genèse 49). Concernant son fils Juda, il l'a décrit comme un lion dont le règne (sceptre) ne cesserait pas jusqu'à ce que son bâton soit transmis à Celui à qui appartient à juste titre le règne, et à qui toutes les nations finiraient par obéir (v. 9-10).

Mais avec le temps d’autres prophètes dont l’authenticité du ministère ne pouvait être niée ajoutaient d’autres éléments au portrait. Celui qui est connu comme le plus grand des prophètes majeurs, Isaïe avait décrit ce Sauveur à la fois comme un Roi conquérant et un humble Serviteur. Le lion allait être aussi un agneau. Contemplant son ministère 7 siècles avant sa naissance, Isaïe décrit le Christ comme un agneau que l’on mène à l'abattoir sans résister ni riposter (Isaïe 53.7).

Dénouement du mystère dans le Nouveau Testament

Nous qui vivons pendant l’ère chrétienne, il nous est plus facile de dénouer le mystère lié à l’identité de Jésus. Mais un piège nous guette, celui de tomber dans des interprétations simplistes. Nous trouvons facile de dire que dans sa première venue, Jésus s’est comporté en Agneau, supportant tout avec douceur afin de nous sauver mais qu’il reviendra comme un Lion, afin d’établir son royaume et juger ses ennemis. Nous y ajoutons même une note pressante d’évangélisation en disant: “Nous pouvons recevoir Jésus comme l’Agneau sacrificiel pour nous sauver lors de sa première venue. Si nous rejetons son sacrifice, il reviendra une seconde fois sous la forme du Lion de la tribu de Juda, faisant la guerre à ses ennemis et les vainquant.”

Comme je l’ai dit plus haut, il n’y a rien d’hérétique à ça. C’est juste que c’est simpliste, et ne rend pas justice au témoignage complet des Écritures. Supportez-moi encore quelques instants et je m’explique avant de clore cet article qui n’était pas censé être aussi long…

Lion et Agneau sont des images qui parlent des éléments liés à la nature de Jésus. Ces expressions ne représentent pas des phases de Sa mission mais décrivent Sa nature qui ne change pas. Il agit toujours en Lion et en Agneau. Il nous a sauvé en tant que Lion et Agneau. Il dirige l’Eglise et prend soin de nos âmes en tant que Lion et Agneau, et Il reviendra en tant que Lion et Agneau.

Deux passages de l’Apocalypse combinent les deux de façon plus explicite, même si nous le loupons souvent. Apocalypse 5.5-6

La scène d’Apocalypse 4-5 est la salle du trône céleste. Après avoir reçu le commandement d'écrire aux sept églises d'Asie Mineure, Jean est « enlevé en esprit » jusqu'à la salle du trône au ciel où il doit recevoir une série de visions qui culminent dans la victoire ultime du Christ à la fin de l'âge. Apocalypse 4 nous montre les louanges sans fin que Dieu reçoit des anges et des 24 anciens. Le chapitre 5 commence avec Jean remarquant qu'il y a un rouleau dans la « main droite de celui qui était assis sur le trône. Le rouleau représente les décrets de Dieu concernant ce qui arrivera dans le futur. Au chapitre 6, un sceau après l'autre est ouvert, de plus en plus de jugements à venir sur la terre sont révélés.

Au verset 5, il nous est dit que Christ a vaincu comme le Lion pour ouvrir les sept sceaux, et au verset six , on nous dit que le même Lion est l’agneau offert en sacrifice.

Comme St Augustin aimait le dire Jésus a enduré la mort comme un agneau ; il l’a dévoré comme un lion. Il est mort en Agneau pascal pour nos péchés, il est ressuscité vaincu le péché et la mort en Lion vainqueur pour nous acheminer dans Sa victoire.

Le Lion et l’Agneau aujourd’hui

Comme les agneaux sacrificiels de l’Ancien Testament étaient parfaits et sans défaut ; de même, Jésus était sans tâche et innocent. Il était le sacrifice ultime pour les péchés du monde. Tous les jours je m’approche de Lui comme le parfait Agneau immolé pour mes péchés. Mais je m’approche de lui comme Le Lion qui a remporté la victoire pour moi. Il est le Puissant Libérateur de mon âme, jadis esclave de Satan. Il continue à me protéger. Comme Aslan dans Chronicles of Narnia de C-S Lewis, qui incarne force, pour me défendre de tous mes ennemis spirituels mais aussi calme et douce car il m’aime, mon Aslan. Vous vous souvenez que C-S Lewis utilise Aslan comme un mot turc qui signifie simplement Lion.

Aujourd’hui encore il intercède pour nous en Souverain Sacrificateur (Romains 8.34) mais aussi il règne en Roi des rois au-dessus des puissances, au-dessus de toutes les autorités et principautés (Ephésiens 1.21-22.)Par sa mort et sa résurrection, il a vaincu les puissances des ténèbres.

Nous ratons l’aspect important d’une Église triomphante si nous reléguons au second retour cet élément d’omnipotence inhérent à la nature de Jésus. Le Lion et l’Agneau sont des descriptions de deux aspects de la nature de Jésus. Il est le Lion victorieux et conquérant de la tribu de Juda et l’Agneau de Dieu qui a emporté le péché du monde. Bien que la Bible nous exhorte de veiller car notre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera (1 Pierre 5.8) nous pouvons trouver la tranquillité dans Aslan, le vrai Lion protecteur des Siens.

Pour l’éternité nous chanterons le cantique de l’Agneau (Apoc 15.3-4) et nous nous reposerons dans les ailes protectrices d’Aslan (Osée 11.10)

Notre adoration

Jésus en tant que la deuxième personne de la Trinité est pleinement Dieu. Et lorsqu’ Il était ici-bas, il n’a jamais cessé d’être Dieu même dans sa phase d’humiliation. Ces deux titres nous rappellent qu’il est et reste toujours à la fois tout puissant et infiniment miséricordieux. Il possède tout pouvoir mais aussi Il est plein de grâce. Peu de personnes peuvent mieux décrire la beauté unique de cette proportion dans la nature de Jésus et l'excellence qui consiste dans la juste proportion de ses diverses qualités comme John Piper le fait ici

On l'admire pour sa gloire, mais plus encore parce que sa gloire se mêle à l'humilité;
On l'admire pour sa transcendance, mais plus encore parce que sa transcendance s'accompagne de condescendance ;
Nous l'admirons pour sa justice sans compromis, mais plus encore parce qu'elle est tempérée de miséricorde;

On l'admire pour sa majesté, mais plus encore parce que c'est une majesté dans la douceur;
Nous l'admirons en raison de son égalité avec Dieu, mais plus encore parce qu'en tant qu'égal de Dieu, il a néanmoins une grande révérence pour Son Père;
Nous l'admirons parce qu'il était digne de tout bien, mais plus encore parce que cela s'accompagnait d'une étonnante patience pour supporter le mal ;
Nous l'admirons à cause de sa domination souveraine sur le monde, mais plus encore parce que cette domination était revêtue d'un esprit d'obéissance et de soumission ;
Nous aimons la façon dont il a surpris les fiers scribes avec sa sagesse, et nous l'aimons encore plus parce qu'il pouvait être assez simple pour aimer les enfants et passer du temps avec eux ;
Nous l'admirons parce qu'il pouvait apaiser la tempête, mais plus encore parce qu'il refusa d'utiliser ce pouvoir pour frapper les Samaritains avec la foudre et il refusa de l'utiliser pour descendre de la croix.