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Un simple petit miroir

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A visage découvert…

18 Novembre 2023

Je ne pense pas qu’il soit facile de parler de soi. A l’occasion de mon 40eme anniversaire, j’ai eu l’envie de me « révéler » un peu. Celle-ci est l’une des rares occasions où un courage vous surprend et vous vous sentez prêts à parler de certaines choses personnelles publiquement pour la première fois. Il en sera ainsi dans cet article. Je souhaite toute fois éviter des détails qui pourraient attirer trop d’attention sur moi ou devenir sujets d’interprétation erronée.

A la fin de la journée vous aurez fait connaissance de qui je suis, comment Dieu a œuvré dans ma vie durant ces quarante dernières années, comment il m’a appelé, la passion qui me pousse et les convictions qui me soutiennent. A travers tout ça, j’espère contribuer à votre édification, pour qu’à travers mon histoire vous puissiez apprendre quelque chose sur Dieu, l’Église, la théologie et le ministère chrétien.

Mais je crois que j’écris cet article plus particulièrement pour mes enfants Thaïs et Deuel. Que cette petite pièce à visage découvert soit un simple petit miroir de qui votre père était et de ce qu'il croyait.

Les ruines glorieuses de ma famille…

Je suis né des parents anglicans de ferveur charismatique. Depuis leur conversion en 1983, l’année de ma naissance et pendant une vingtaine d’années qui ont suivi, ils étaient membres de l’Église anglicane dans la paroisse de Cibitoke à Bujumbura. Mon père a rarement occupé une position ecclésiastique dans l’Église. Par contre ma mère était plus active ministériellement : prédicatrice pendant les croisades inter paroissiales des femmes au sein de l’Église anglicane, et enseignante dans d’autres. Tout petit déjà, Je me souviens qu’elle pouvait partir en mission de prédication pour des jours. Pendant ce temps, papa s’occupait très bien de nous.

Leur couple était une sorte de Priscille et Aquila. Mon père ne ressentait aucune rivalité, mais l’accompagnait et la soutenait dans son ministère public et il était heureux de la voir s’épanouir dans ses dons. Mon père avait une toute autre façon de prêcher: par écrit. Il écrivait et imprimait des dépliants d’évangélisation lui-même et les distribuait à son lieu de travail et dans le quartier. Alors que j’écris, mon père a 74ans il est toujours Secrétaire dans la compagnie textile, de COTEBU, devenue aujourd’hui Afri-Textile. Je crois que c’est de là que me vient la passion d’écrire. En lisant ses tracts je me disais « quand je serai grand, j’écrirai des livres. »

Mes parents ne sont pas parfaits. Et je connais l’ambivalence d’une reconnaissance pour leur héritage et la douleur de découvrir leurs imperfections au fur et à mesure que j’ai grandi. Mais comme la croix est le symbole d’une gloire née des ruines de la mort de Jésus, de même je perçois des ruines glorieuses dans mon passé familial. Au milieu de tant d’imperfections, Dieu se servit de mon cadre familial pour m’éveiller aux premières opérations de la grâce de Dieu. C’est grâce à eux que je saisis pour la première fois le concept d’un Dieu personnel, relationnel, approchable à travers Jésus Christ et un Jésus plus puissant que toutes les forces du mal. Ils posèrent ainsi les premières pierres de ma théologie.

Mais comme la croix est le symbole d’une gloire née des ruines de la mort de Jésus, de même je perçois des ruines glorieuses dans mon passé familial.

Un bébé sur un autel…

On est en 1984 et je suis âgé de quelques mois seulement. C’est un dimanche après-midi et nous sommes à l’Église Évangélique des Amis Kamenge. Mes parents sont très jeunes dans la foi. Leurs conversions respectives datent de peu. Mon père, ancien alcoolique notoire vient de voir sa vie changée en un instant par la grâce de Dieu. Ma mère, jadis victime des oppressions démoniaques, vient d’être délivrée miraculeusement. Le jeune couple se sent en vie et pour une fois unie par une seule et même passion : connaître Dieu.

Ce soir-là, le prédicateur a l’intention d’inciter son audience à manifester leur engagement envers Dieu et son œuvre en donnant. Mon père ressent une impulsion soudaine de donner, mais non pas de l’argent comme attendu ! Sans avertir sa jeune épouse, Il va tout droit au podium, un bébé dans ses bras et dit qu’il veut donner son fils à Dieu. Tout le monde est stupéfait. Ce n’est pas un moment de « dédier » des enfants. Le prédicateur lui demande s’il comprend bien le sens de son geste. Il lui explique que cet enfant sera comme le petit Samuel dans le temple. « Ce geste signifie que tu ne reviendras par le réclamer plus tard mais qu’il sera la propriété exclusive du Seigneur », insista le prédicateur. Mon père acquiesça.

Quand beaucoup des années plus tard, je leur expliquai que Dieu m’appelait au ministère, ils me firent part de cet acte. Inutile d’ajouter que ça attisa un profond sens d’appel.

Un adolescent sous un mentor

Le 16 Janvier 1997, après avoir écouté un puissant sermon dans le livre de Luc, je sentis un profond besoin de m’abandonner complètement au Seigneur. Une année après, Dieu me lia avec celui allait être mon mentor pendant les 7ans qui suivirent. Dans notre petite église vivante du quartier, il paraissait comme le mieux éduqué. Il se méfiait des excès charismatiques et voulait me protéger de toute dérive doctrinale. C’était un évangélique perdu dans un monde charismatique qui n’était pas le sien.

Il nous invitait chez lui pour des études bibliques systématiques, m’introduisit au monde des livres et grâce à lui je découvris Tozer, qui m’inspira un mysticisme évangélique et John Stott une passion pour l’étude biblique. Rien d’étonnant qu’à l’aube de mes 20ans je paraissais plus mature que tous les jeunes chrétiens qui m’entouraient.

Après sept ans, il devint évident que je ne pouvais plus compter sur mon mentor. Il avait perdu l’autorité morale sur moi, connaissant peu la puissance de la sainteté dans sa propre vie et l’onction du saint Esprit dans son ministère.
J’avais une soif de grandir dans la sainteté et il n’était plus le repère moral qu’il me fallait. J’avais envie de servir dans la puissance du saint Esprit mais ses multiples critiques des expériences des autres ne faisaient que créer une attitude de suspicion sur tout le surnaturel et l’expérimental en particulier. J’étais toujours obnubilé par le sujet du réveil, que je voulais explorer dans les limites de la Bible et il n’était plus le guide qu’il me fallait…je mis alors fin à la relation.

Un baptême, une vision et un appel…

Je me souvins encore de ce feu qui me dévorait jusqu’ aux entrailles. C’était le 14 Septembre 2004. Mon corps tremblait littéralement, de ma bouche sortaient des mots dont je ne comprenais pas le sens. En bon évangélique qui avait suivi John Stott dans sa théologie d’identifier le baptême du Saint Esprit avec la régénération, j’avais presque mémorisé son livre Du baptême à la plénitude,
L'action du Saint-Esprit en notre temps
. Comment se peut-il que je parlais en d’autres langues. Le feu au-dedans de moi, des langues et un tremblement littéral du corps alors que j’étais dans le jeûne depuis trois jours, je crus que j’allais mourir. Ce fut la seule fois où je suppliai à Dieu de retenir sa main si je devais continuer à vivre. Plus tard je découvris que d’autres saints comme Dwight Moody firent la même prière pendant leur rencontre avec la puissance du Saint Esprit.

Le mois suivant, alors que je m’allongeais sur le lit , en train de lire le livre sur l’Histoire de l’Église, un léger sommeil me surprit. Je vis dans une vision le visage de Jésus tout attristé par l’état de l’Église. Au fur et à mesure que son visage s'assombrissait, c’est comme s’il me communiquait Sa tristesse. Je pouvais le ressentir au fond de moi et je me mis à pleurer, puis à sangloter jusque ce que je ne pouvais plus respirer. Quand je me réveillai, le livre était toujours dans ma main et ce flash n’avait duré que quelques minutes. Quand une année plus tard j’étais en train de lire Ablaze for God, de Duewel Wesley, je compris que Dieu nous baptise de souffrance, un baptême de pleurs et une tristesse permanente pour que notre cœur batte avec le Sien en ce qui concerne Son peuple et le monde. Paul avait connu ce sentiment et il le cita parmi les souffrances liées au ministère

J'ai connu le travail et la peine, j’ai été exposé à de nombreuses privations de sommeil, à la faim et à la soif, à de nombreux jeûnes, au froid et au dénuement. Et, sans parler du reste, je suis assailli chaque jour par le souci que j’ai de toutes les Églises. 2Corinthiens 11:27-28

Toute cette succession d’évènements me conduisit jusqu’ en Juin 2005. Peter Youngren, le fondateur de World Impact Ministries, devait conduire une croisade d’évangélisation. Pasteur canadien et planteur d’églises, Youngren détenait un doctorat en Biblical studies de Florida Christian University, il était un bon communicateur de la Parole un homme de Dieu oint. Je ne pouvais pas rater sa conférence pour Pasteurs et serviteurs de Dieu. Sa passion pour le réveil débordait. Il avait soif de voir un grand mouvement de l’Esprit dans la sous-région.

Ce jour il dévisagea les pasteurs et bishops présents et les choqua en disant:

« Je ne suis pas venu pour vous. Quelque chose me dit que je suis venu pour la génération plus jeune ici présente. Alors je vais conduire une session de prière pour les jeunes ici présents entre 20 et 30 ans. Car j’ai une pleine conviction que Dieu va appeler certains d’entre eux pour des grandes choses. »

Je me levai et allai devant pour les prières. Ce fut un jour extraordinaire. La présence de Dieu était si palpable. on s'allongea par terre et pria pendant des heures.

J’ai senti Dieu me demander de tout abandonner pour le servir. Pour moi l’appel avait un caractère urgent que cela signifiait obéir sur le champ. Ma mère était présente ce matin-là. Pendant qu’elle priait dans l’audience, elle avait eu la vision de mon appel qui d’après la voix qu’elle entendit sera caractérisée de persécutions et souffrances. La voix avait été explicite « ton fils expérimentera ma puissance et mais aussi ma souffrance. »

Je ne voulais pas attendre les résultats scolaires de la Seconde Lettres qui avaient été retardés par une succession des grèves d’enseignants, devenues trop fréquentes pendant le gouvernement de transition de Domitien et Kadege. Mon cœur était résolu. Je me précipitai dans un jeûne de 100jrs et ma mère me supplia d’attendre mon diplôme mais en vain. Sorti du jeûne, je commençai à circuler dans les rue, écoles, églises prêchant partout. Si je ne prêchais pas je lisais ou alors j’étais en train de prier. C’est ainsi que débuta mon ministère.

Sur un long chemin de façonnement théologique…

Je ne savais pas que je quittais l’école pour une autre longue école…

Quand Dieu m’appela, mes parents avait déjà quitté l’Église anglicane pour une autre Église de Church of God, issue de Cleveland, Tennessee aux États Unis. Historiquement Church of God est une Église Pentecôtiste classique de la première vague. Je fus ordonné comme prédicateur en 2007 et la même année jusqu’ en 2009 je fus envoyé pour suivre une formation en Uganda où ils avaient un programme d’études ministérielles.

Bien que des embrouilles avec mon leadership m’obligèrent à quitter l’école avant de finir le programme, je fis une grande découverte pendant mon séjour: celle des théologiens pentecôtistes comme Gordon Fee, Craig Keener , Simon Chan, Steven land et autres. Je fus attiré par l’érudition pentecôtiste. Quelle joie de réaliser qu’érudition intellectuelle et la passion pour la puissance du Saint Esprit pouvaient coexister. Cette expérience intellectuelle fit de moi un Neo-pentecotiste jusqu’ à ce jour. Je regrette l’emphase exagérée du parler en langues, et je n’ai jamais souscrit à l’idée que le baptême du saint Esprit sois toujours validé par une expérience du parler langues. Mais je rejette également l’idée que le baptême du saint Esprit soit étiquetée comme simple synonyme de la nouvelle naissance.


De retour au pays, je m’inscris à une autre institution théologique, PTI school of theology and leadership. Elle avait été fondée par un groupe de burundais, formés en Angleterre. Elle avait une ferveur évangélique et j’y demeura de 2010-2014 jusque ce que les péripéties dues à une crise de leadership au sein de l’institution m’obligèrent d’arrêter avant même de finir mon papier sur le renouveau de l’Église. Le reste de mon éducation sera constitué d’une combinaison d’un travail autodidacte assidu et des formations théologiques en ligne.

Permettez-moi de vous ennuyer avec quelques paragraphes qui résument les changements de perception théologique qui se sont produites tout au long de ce chemin. Si j’évoque un jargon théologique difficile, je vais tout de suite vous renvoyer à un article qui peut mieux vous introduire au concept. Comme ça on pourra peut-être éviter que cet article ne devienne lui-même un livre !!!


Un néo pentecôtiste
J’ai déjà évoqué que mon séjour à une école qui portait les marques d’un pentecôtisme classique m’avait exposé à des théologiens pentecôtistes illustres comme Gordon Fee ou le Singapourien, Simon Chan, le canadien Seven Land ou alors Craig Keener. Quand plus tard je rejoignis la mouvance réformée, je fus déçu de voir combien elle est imprégnée d’une atmosphère cessationiste. Je m’accrochai à John Piper et Martin Lloyd Jones et devinrent les fidèles compagnons qui m’aidèrent à garder ma passion pour le réveil et une soif pour la parole de Dieu. C’est grâce à eux que je découvris un groupe des puritains, appelé les sealers: Thomas Goodwin, Richard Sibbes et Thomas Brooks dont la vision du Sceau de l’Esprit s’apparentait au baptême du saint esprit néo pentecôtiste. J’en ai déjà parlé ici.

D’autres théologiens comme Sam Storms, D.A Carson, Jack Deere, John Wimber et autres reformés charismatiques furent d’une très grande utilité pour que mon approche continuationiste face aux dons surnaturels se solidifie.


Un calviniste à cinq points
Grâce aux lectures de Luis Birkhoff ma foi devint calviniste. Ce fut l’aboutissement de la curiosité pour la foi réformée et des doutes concernant l’arminianisme que les essais, de William Kuyper, accidentellement retrouvés dans ma chambre, avaient suscité en moi.

Un peu avant, j’avais rencontré un jeune burundais, fraichement venu de Fuller Seminary, qui par ailleurs n’est pas une institution réformée, et qui s’était récemment converti au calvinisme avant de rentrer. Il me donna deux livres. L’un qui argumentait en faveur de l’arminianisme: Why I am not a calvinist par Jerry L. Walls et Joseph R. Dongell et l’autre en faveur du calvinisme: Why I am not an arminian par Robert A. Peterson and Michael D. Williams. Après une longue lecture comparative, je luis dis que la belle prose des auteurs arminiens m’avait séduit mais que la théologie des calvinistes m’avait convaincu. Avant cela il m’avait donné les vidéos de R C Sproul que j’écoutais sans me lasser.

Je crois que la question au cœur de la réforme du 16eme siècle était « comment puis-je être sauvé ? ». Les cinq points du calvinisme résument adéquatement la réponse biblique à cette question. Néanmoins comme Piper le dit dans son introduction aux cinq points, les rivières qui coulent du système réformé calviniste sont plus profondes, plus larges et avec des facettes multiples. Et confesser ses convictions autour de cinq points ne veut pas dire embrasser tous les aspects de la tradition réformée.

Les rivières qui coulent du système réformé calviniste sont plus profondes, plus larges et avec des facettes multiples


Un « covenantaliste » ambigu
Quel thème théologique nous permet d'unifier les autres thèmes de la Bible? Eldon Ladd m'avait longtemps habitué à considérer le royaume de Dieu comme le thème le plus dominant de toute la Bible. Aujourd'hui encore la devise de Little Flock Ministries de “Proclaim Portray Point” témoigne de l'influence colossale de ce théologien dans la façon d'appréhender les trois aspects du Royaume: Inauguration, Continuation et Consommation.

Avec le calvinisme je compris que Dieu administre Son royaume par des alliances qui régissent les rapports du Roi avec Ses sujets dans ce royaume. Une des grandes marques du calvinisme est la théologie de l’alliance. Pendant les premières années de ma conversion au calvinisme, j étais excité d'être libéré du dispensationalisme dans lequel j’avais grandi. La Bible devenait un livre unifié qui parle d’une seule histoire de Dieu avec son peuple à travers une seule alliance de grâce, administrée sous différentes alliances mais liées entre elles et exprimant le même dessein du salut en Jésus Christ.

Après le passage obligé d’amateur, je commençai à réaliser que l’aboutissement naturel du fédéralisme presbytérien conduit à des conclusions douteuses. Dans son souci de garder la continuité entre l’ancien testament et le nouveau testament, il tombe dans la théologie du remplacement qui spiritualise les promesses faites à Israël en des bénédictions spirituelles de l’Eglise jusqu’ à bafouer les principes herméneutiques basiques. La deuxième lacune est sa vision du membership de l’Église qui se veut aussi mixte qu’ Israël dans l’Ancien testament, composé de croyants et incroyants. Cette ligne de pensée perçoit Israël et Église comme deux communautés composées de croyants et d'incroyants (c'est-à-dire un peuple mixte au sein de la communauté de l'alliance) ; et leurs signes d'alliance respectifs (c'est-à-dire la circoncision et le baptême) signifiant la même réalité spirituelle, d'où la justification de l'application du baptême aux enfants dans l'Église. Cela ne pouvait que m'intriguer.

En revisitant l’Histoire je pus réaliser que je ne fus pas le seul à être intrigué par cette vision des choses. Sinon il n’y aurait pas eu en 1689, la confession de foi baptiste. Des puritains d’envergure comme Nehemiah Coxe( qui probablement rédigea le chapitre des alliances dans la confession de foi réformée baptiste) rejetait le fédéralisme presbytérien et aujourd’hui des études montrent que John Owen lui-même n’y adhérait pas complètement.( Au moins nous savons qu'il s'opposait à l'idée presbytérienne d'identifier l'Alliance de Sinaï comme une administration de l'Alliance de grâce).

Je me mis à comparer la confession de Foi baptiste et celle de Westminster ainsi que tout ce qui m’aidait à comprendre la différence concernant la théologie des alliances, entre les reformés de mouvance baptistes et ceux de mouvance presbytérienne. Je me rangeai progressivement du côté baptiste.
Les réformés presbytériens maintiennent qu’il y a une seule alliance de grâce sous deux administrations (la loi et l’Évangile). En revanche, les réformés baptistes voient l’alliance de grâce comme ayant été révélée graduellement dans l’Ancien Testament (sous forme de promesses, d’alliances, de types, de préfigurations, de prophéties). Ensuite, elle est ratifiée ou établie par le sang du Christ dans le Nouveau Testament.

les baptistes reformés insistent que le premier et principal problème avec l’idée selon laquelle le Sinaï était une alliance de grâce est que le Nouveau Testament l’identifie comme une alliance des œuvres. Il suffit de lire les épîtres aux Galates et aux Hébreux pour s’apercevoir du fossé infranchissable entre l’alliance conclue sous Moïse et l’alliance de grâce. Cette dernière fut progressivement dévoilée dans les promesses de l’Ancien Testament jusqu’à ce qu’elle soit pleinement révélée dans le Nouveau. On y voit très clairement que les deux alliances sont opposées.

Le second problème porte sur un ensemble d’erreurs que cette conception erronée relative à l’alliance du Sinaï introduit dans les églises. Si vous faites de l’alliance de la loi une dispensation de l’alliance de la grâce, vous faites de l’église du Nouveau Testament une prolongation de l’église de l’Ancien Testament, considérant les deux comme presque identiques. Vous dites alors que le baptême est l’équivalent de la circoncision et vous admettez des personnes comme membres dans l’église du Christ sans qu’elles professent la foi. En faisant cela, vous transformez le gouvernement de l’église du Nouveau Testament en une forme de hiérarchie similaire à celui de l’Ancien Testament. De même, vous manquez le but d’avoir des membres régénérés, parce que cela n’était pas un trait caractéristique de l’église vétérotestamentaire.

Comprenez bien que les baptistes ne nient pas que l'Alliance de grâce existait dans l'Ancien Testament. Ils maintiennent cependant qu'elle n'était pas pleinement manifestée avant l'établissement de la nouvelle alliance. Elle existait comme une promesse et révélée progressivement avant d être officiellement établi par la mort de Jésus dans le Nouveau Testament.

Pour quelqu'un dont le concept du royaume était si cher, vous pouvez imaginer quelle joie j ai eu de voir deux experts Peter Gentry et Steve Wellum publier le livre: Kingdom Through Covenant. Thomas Schreiner , un professeur du Nouveau Testament très apprécié écrivit un petit livre de 128 pages Covenant and God’s Purpose for the World. Abondant dans le même sens de telle façon que il appelle son livre un “footnote” de ce livre magistral de Gentry et Wellum. Dans le meme sens on peut inclure un Essai d hommage pour Schreiner que D. A. Carson, a écrit “New Covenant Theology and Biblical Theology,”

Nous prions et œuvrons pour le renouveau de l’Église. Notre désir et espérance d’un puissant réveil ne se sont jamais estompés avec le temps. J'attendrai et dans Sa présence.

Le débat sur la théologie des alliances au sein même du mouvement reformé connaît une grande résurgence et différents érudits ouvrent des voies soit vers une théologie de la nouvelle alliance proche au fédéralisme baptiste ou au covenantalisme progressif proche au fédéralisme presbytérien tout en étant différent en plusieurs aspects vitaux. Même le camp dispensationaliste connaît des variations comme récemment le dispensationalisme progressif et le dispensationalisme modifié. Si vous êtes nouveau au débat découvrez ici les grandes lignes de la théologie de la nouvelle alliance et le covenantalisme progressif ici


Un Premillénariste historique et Post-tribulationiste
Depuis tout petit j’ai toujours eu un intérêt particulier pour l’eschatologie. Tellement qu’au début de mon ministère le prophétisme eschatologique l’emportait sur les autres thèmes dans mes prédications. Adolescent je rêvais de m’acheter Scofield Study Bible, le commentaire qui a popularisé le dispensationalisme. Je suis de ceux qui ont lu plusieurs fois Agonie de notre vieille planète de Hal Lindsay , après que son auteur ait prédit une année du retour de Jésus en 1988, donc une génération (40ans) après la création de la nation d'Israël(1948). Je lisais charles Ryrie, Walvoord et Dwight Pentecost. et croyais en l'enlèvement de l Église avant la Grande tribulation.

En uganda, Eldon Ladd avait changé ma façon de voir les choses. Le livre The meaning of Millenium: Four views me gagna au premillenarisme historique. Je ne devins pas pour autant pos-tribulationiste. Il faudra attendre que je lise Pre Wrath Rapture de Rosenthal , une version modifiée du post tribulationisme puis The Church and the Tribulation de Robert Gundry pour adhérer a une vision post-tribulationiste de l’enlèvement de l’Église


Un congrégationaliste libre
J’aime économiser ma salive quand il s’agit d’évoquer la forme de gouvernement de l’Eglise la plus appropriée. J’admets avec Ladd qui aimait dire:

“il semble probable qu’il n’existait aucun modèle normatif de gouvernement de l’Église à l’époque apostolique et que la structure organisationnelle de l’Église ne constitue pas un élément essentiel de la théologie de l’Église.”

Néanmoins avec toute ma flexibilité , je reste congrégationaliste bien que je crois que le congrégationalisme peut revêtir plusieurs expressions selon le contexte et les besoins.


•Un soft complementarien

Pendant ma jeunesse j’ai eu pour mentor l’homme qui était un strict complementarien. Je l’ai vu encourager sa femme à étudier non pas en vue d’ une quelconque carrière professionnelle dans le futur, disait-il, mais pour que plus tard, elle sache comment prendre soin de ses enfants. Il me répétait qu’une femme n’étudie pas la Bible pour prêcher mais pour savoir mieux éduquer ses enfants dans la foi. Je l’ai entendu appeler Jézabel, cette femme qui prêchait à notre Eglise et j’y croyais ! je pense que des doutes ont commencé à naitre en 2010 quand j’ai lu Issues Facing Christians today de John Stott. Puis j’ai fréquenté des auteurs comme Gordon Fee et Craig Keener, Alfred Kuen, et plus tard Roger Nicole qui m’ont fait changé d’avis.

Avec John Stott je crois que l’interdiction d’enseigner était historiquement et contextuellement conditionné tandis que la soumission est un ordre universel. Bien que plusieurs théologiens se réservent sur la question du leadership pastoral de la femme, un nombre croissant des théologiens se prononcent en faveur du droit d’enseigner des femmes. Ceci n’est pas dû à la pression du féminisme comme certains le pensent. Ces penseurs bien intentionnés trouvent suffisamment de raisons exégétiques de relativiser culturellement et historiquement l’interdiction d’enseigner de 1Tim 2:12 . Je citerais des gens comme John Dickson, Michael Bird , John Stott, Alfred Kuen et autres.

En ce qui est du leadership à la maison, à l’Église ou dans la société, je crois avec le professeur Donald Bloesch que

la subordination encouragée dans le Nouveau Testament est un privilège et même l'insigne du disciple plutôt qu'un fardeau qui véhicule la notion d'infériorité. L’alternative à l’idéologie féministe, qui n’accorde aucune place à la subordination, et à l’idéologie patriarcale, qui enseigne la subordination comme une nécessité de la nature, est une alliance de grâce, qui unit l’homme et la femme dans un ministère de service
– le plus souvent avec l’homme comme dirigeant et la femme comme une aide, non pas comme une règle ou une loi imposée d'en haut, mais comme une ligne directrice qui s'avère efficace dans l'accomplissement d'une tâche particulière. L’homme et la femme ont tous deux la prééminence dans le royaume de Dieu, mais cette prééminence est conditionnée par la volonté des deux, d’être les plus petits dans le royaume de Dieu.
Il y aura toujours des différences physiques durables ainsi que des différences psychiques immuables entre l’homme et la femme. Ces différences n’empêchent cependant pas la femme d’accéder à des postes de direction dans la société civile ou religieuse, même si lorsqu’elle est appelée à un poste de direction, elle doit s’efforcer d’assumer ses responsabilités en tant que femme et non en tant qu’homme.

Comme Caleb…

Caleb est l’un des personnages les plus énigmatiques dans l’Ancien testament.
Il est de la première génération des Israelites venus d’Égypte. Il participe à la première mission d’espionnage de la terre promise et avec Josué, il reste ferme dans la foi, bien qu'entouré des 10 voix qui ne professent qu'incrédulité. (Nombres 14:26-38.) A cette époque il avait 40ans et Dieu avait prononcé ces mots à propos de lui et Josué. « Et parce que mon serviteur Caleb a été animé d'un autre esprit, et qu'il a pleinement suivi ma voie… » Nombres 14.24


Il verra son camarade succéder à Moise, en tant que leader sans éprouver le moindre ressentiment ou rivalité pour les victoires et le succès de Josué. Il attendit patiemment, fidèlement, son héritage. Il le reçoit finalement, mais doit se battre contre les fils d'Anak qui occupent encore Hébron. Mais il a 85ans ! Et pourtant telles furent ses paroles:

« Je suis encore aussi robuste que le jour où Moïse m’a confié cette mission. J'ai autant de force que j'en avais alors, qu’il s’agisse de combattre ou de partir en campagne et en revenir. Donne-moi donc la région montagneuse dont l'Eternel a parlé à cette époque-là. Tu as appris alors qu'il s'y trouve des Anakim et qu'il y a des villes grandes et fortifiées. Si l'Eternel est avec moi, je les chasserai, comme il l’a dit. » Josué bénit Caleb, fils de Jephunné, et lui donna Hébron pour héritage » Josué 14.11-13

J’aime beaucoup ce passage. Ce jeune homme vécut longtemps après la mort de Moise, Aaron et Josué. Il n’a jamais été un leader d’Israël. Même après la mort de Josué, ce fut Otniel, son gendre qui devint le premier juge d’Israël. Mais son plus grand privilège fut de voir Dieu accomplir ses promesses envers Israël après que Moise, Aaron et Josué lui-même soient morts. Il demeura ferme dans la foi, la patience, la fidélité et ne chercha jamais à se faire un nom. Il ne broncha jamais dans son dévouement à l'éternel.

Ma prière est que comme Caleb je puisse garder ma vigueur spirituelle et morale constante et mon énergie pour l’œuvre de Dieu toujours fraiche.

Caleb nous rappelle que certains de nos combats les plus durs peuvent surgir vers les dernières années de notre vie mais que le même Dieu se montrera fidèle. Je ne sais pas ce qui me reste à affronter mais quelque chose me dit que les dernières années seront plus dures que tout ce que j’ai jamais connu jusqu’ ici. Le même Dieu qui m’a gardé toutes ces années, m’aidera à tout affronter.

Ma prière est que comme Caleb je puisse garder ma vigueur spirituelle et morale constante et mon énergie pour l’œuvre de Dieu toujours fraiche.

Et comme Siméon…

Il attendait la consolation de l’Israël avec patience et dans la présence de Dieu. Quand il prit le bébé Jésus dans ses bras, Lui, l’accomplissement des promesses de rédemption, il dit “ Maintenant tu peux laisser Ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton Salut que tu as préparé devant tous les peuples, Lumière pour éclairer les nations, Et gloire d’Israël, ton peuple. “Nous prions et œuvrons pour le renouveau de l’Église. Notre désir et espérance d’un puissant réveil ne se sont jamais estompés avec le temps. J'attendrai et dans Sa présence.

Au bout de quarante ans, si Dieu le veut, j’aimerais pouvoir regarder en arrière et remercier Dieu pour avoir utilisé notre couple et notre ministère pour préparer l’Épouse de Christ à faire face à la dernière heure avant de rencontrer notre précieux Seigneur. L’aboutissement de tous nos soupirs spirituels se trouve dans le retour de Jésus qui glorifiera son Épouse et la fera paraître devant Lui resplendissante de gloire. En attendant je vivrai ma vie pour l'entendre dire « Well done bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maitre » quand Il reviendra.

Remerciements

Je suis si reconnaissant pour l’aide précieuse qu’Arielle a été pour mon ministère et pour ma vie spirituelle. Je l'ai connue en 2010 et l'épousa en 2013. En elle j’ai découvert la beauté d’une simplicité et pureté du cœur, celle d’une complicité et intensité dans le ministère et celle d’une fidélité et authenticité dans le mariage. J’ai une dette éternelle envers vous Madame Arielle Trésor! Seule vous comprenez bien combien cette petite paragraphe pourrait si facilement « dégénérer » en un livre de 300 pages !

Dès le début de mon appel, j’ai eu le privilège de rencontrer des belles âmes qui aiment et valorisent notre vocation. Ils ont la joie de participer en ce que Dieu est en train d’accomplir dans notre ministère. Ils prient et intercèdent. Ils donnent leur argent, ils sont présents, encouragent et prodiguent des conseils. Je ne peux que dire merci. Je ne prendrai jamais pour acquis votre amitié, appui et présence. Au-delà du ministère, vous avez montré un intérêt personnel pour moi et pour ma famille et avez été là pour notre encouragement. Veuillez trouver dans ces quelques lignes notre plus grande gratitude.

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NIKIZA Jean-Apôtre est un Pasteur qui exerce son ministère depuis la ville de Bujumbura. Il est marié à Arielle T. NIKIZA et ensemble, ils sont pionniers du Mouvement des Hédonistes Chrétiens, Sa Bannière depuis 2015. Ils sont aussi co-fondateurs de Little Flock Ministries. La spiritualité chrétienne et le Renouveau spirituel de l’Eglise restent les grandes marques de leur appel commun. Les moments de loisirs de NIKIZA J-A incluent les films, la
musique,le Basketball et un bon sommeil.

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La gloire de Dieu est mon trésor

Les saintes écritures nous exposent du début à la fin un Dieu, qui, dans Sa parfaite intelligence et selon le conseil de Sa parfaite volonté, bénit toute la création à partir de Sa gloire. Il a fait de sorte que toute joie réelle et durable passe par Sa gloire.

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Quand lire la Bible devient une dure corvée

Soyons honnêtes, il nous est tous déjà arrivés de trouver la Bible ennuyeuse, au moins certaines de ses parties. Il nous est déjà arrivés de nous demander à quoi certains passages riment vraiment et pourquoi ont-ils été insérés dans un livre saint dont la lecture est sensée nous apporter tant d’excitation et de passion !

Sa BannièreLever une armée d'adorateurs joyeux d'un Dieu Heureux et Glorieux
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